La RUN
REUNIONNAGE COMPAGNONNAGE NORDIQUE
Pour sa deuxième semaine sur le « caillou » (c’est comme ça que La Réunion est surnommée par les initiés), Petit Marek, les joues creusées par sa longue traversée et la barbichette née, retrouva sa (super) copine Jenny-Jen Jen ou Primprenelle pour les intimes, réunionnaise depuis 3 ans, pour souffler et récupérer de son épopée. Croisée sur une plage dans le lagon mahorais, Jenny Jen Jen, alors en vacances à Mayotte, se sentait bien seule sur sa plage abandonnée avec son gros kayak, comme un Dugong sans ses semblables. C’est là que Petit Marek et Grande Dame Anaëlle avec Tréma firent leur apparition, comme sortis des flots, pour lui montrer la voix des coquillages et des crustacés, et transformer son bad trip en very good trip avec des souvenirs précieux à ramener.
Le hasard faisant bien les choses, Petit Marek s’envola pour le caillou dans le même avion que Jenny Jen Jen qui elle rentrait chez elle, ce qui, vous l’admettrez, était certainement un coup du Djinn bienveillant de l’amitié.
Reprenons le fil des aventures de Petit Marek à La Réunion. Pimprenelle habitant dans le NORD de l’île, la région la plus ensoleillée (hum), la plus courtisée (hum hum) et la plus adaptée aux bains de mer (hum hum hum), Petit Marek fut enchanté de trouver gîte, couvert, et machine à laver (parce qu’avec 2 t shirts 1 pantalon et 1 short pour 2 semaines de vacances… ça peut vite devenir compliqué !) avec vue intégrée (et pas n’importe quelle vue s’il vous plait !).
Petit Marek fit la connaissance de Comtesse Céline et de son Troubadour gastronome Michel, colocs de Pimprenelle, mais aussi de Violette le raton laveur « Royal Bourbon » qui adore l’exercice physique et Baby cat le chaton errant, ce qui lui permis de découvrir un peu la faune réunionnaise…Toute la maisonnée lui réserva un accueil chaleureux, à tel point que Petit Marek arrêta de prononcer les prénoms d’Anaëlle et de bébé Sara pendant plus de 5 minutes …incroyable 😉
Les aventures commencèrent une fois Petit Marek restauré et Pimprenelle réveillée, avec une initiation aux merveilles aquatiques de l’île. Car si La Réunion est un paysage remarquable façonné par son volcanisme actif, les gorges, les cirques et les ravines sont les témoins d’une érosion intense, surtout en cette période de l’année, ou les pluies, averses, orages ou nuages gris sont quotidiens sur la majeure partie de l’île.
Après un petit voyage en auto et en embouteillages, Petit Marek et Pimprenelle touchèrent enfin la terre bénie des Dieux, arrosée par une houle coriace et salée à hauteur de 42 g/ kg d’eau de mer (contre 37 en zone tempérée) dans le lieu-dit de la « Pointe au Sel » réputé pour ses salines, ses « tables salantes » , son sel produit artisanalement (le fameux « sel de Saint Leu ») et son bassin mixte d’eau douce et d’eau salée : le bassin Caverne.
Après une petite baignade mouvementée mais bien rafraichissante et une trempouillade sous les embruns dans les piscines naturelles situées en amont du bassin, Petit Marek envoya un pigeon voyageur à Grande Dame Anaëlle avec Tréma afin d’immortaliser cette visite, et avec Pimprenelle, ils décidèrent de repartir vers le Sud, à la découverte du sable noir.
A l’inverse du sable clair composé en majorité de la dégradation du corail/coquillages/algues calcaires/foraminifères, le sable noir, lui, est issu de la décomposition de roches volcaniques basaltiques depuis les cirques, et est ramené par le phénomène de ruissellement jusqu’à l’embouchure des rivières. Les grandes plages de sable noir de l’île se trouvent donc aux embouchures de rivières. Celle d’Étang Salé, sur laquelle Pimprenelle et Petit Marek ont fait cap, est une des plus belles de l’île.
Pimprenelle ayant cassé sa savate sur le chemin, failli perdre un pied en voulant traverser la plage pour se rendre à la mer ! En effet, avec le soleil, le sable noir entre en fusion et se transforme en une sorte de lac de lave, si bien que la traversée de la plage pour aller à la mer s’apparente à une marche sur le feu ! Pimprenelle, pleine de courage, prit quand même le temps de montrer à Petit Marek les magnifiques cristaux d’olivine cachés dans le sable, qui lui donnent, en fonction de la luminosité, de sublimes teintes verdâtres.
Direction le glacier artisanal pour se rafraîchir. Après une glace « saveur locale » pour Petit Marek, et une glace 100% calories pour Pimprenelle, nos deux compères se dirigèrent vers le somptueux château de Dame Clotilde, amie de Pimprenelle, dont le pont-levis donne directement sur la plage du petit port d’Étang Salé. Dame Clotilde revenait tout juste de sa chasse à cours au requin Bouledogue, et heureusement pour elle, rentrait bredouille. Pris d’une envie d’escalader l’Everest, nos hôtes décidèrent de nous servir l’apéro sur le toit du château…Petite musique d’ambiance, coucher de soleil, bord de mer et petits fours, Petit Marek trouva le lieu particulièrement confortable.
Il s’endormit, cette nuit là, la tête plein de souvenirs savoureux en pensant à sa Grande Dame Anaëlle avec Tréma et son bébé Sara.
Le soleil se leva en même temps que les deux compères le lendemain matin. Après l’Everest, Petit Marek et Pimprenelle partirent travailler leur orthographe à la Roche Écrite ! Le massif de la Roche Écrite comporte des milieux très variés. Après la traversée du village semi-désertique du Brûlé au départ de Mamode Camp (1192 m), c’est le domaine de la forêt tropicale humide des Hauts où abondent les mousses. Petit Marek pensait y trouver un bar à Dodos, et la désillusion fut grande lorsque Pimprenelle lui révéla que le terme « petite mousse » ici, devait se comprendre autrement.
Plus haut, les tamarins de hauts, les fougères et les bambous calumets occupent l’espace. Vers le sommet, la végétation devient plus rase et se raréfie jusqu’au point de vue sur les cirques de Mafate et de Salazie (2276 m) . Petit Marek se prit pour Yakari dans la forêt de calumets et piqua un sprint tel l’antilope pourchassée par Donald Trump . Pimprenelle réussit presque à le rattraper, mais y perdit son poumon droit. Malgré toute leur bonne volonté, nos deux compères ne réussirent pas à arriver avant les nuages au sommet. Si Mafate fut dégagé, Salazie resta bien caché sous son voile de coton. Ils firent tout de même un selfie final car mine de rien, faire plus de 1000 m de dénivelé positif, ça rend heureux !
Petit aparté culturel : Malgré l’aspect primaire du couvert forestier, trois des espèces les plus envahissantes de l’île y sont implantées et empêchent la flore indigène et endémique de se développer ou de se régénérer en entrant en compétition avec elle pour la lumière et les nutriments du sol. Il s’agit du Goyavier, connu pour ses petits fruits rouges comestibles, du Longose, dont les fleurs jaunes sont très parfumées et de la Jouvence, aussi connue sous le nom vernaculaire « jouvence de l’abbésouris » bien qu’elle ne figure pas parmi les ingrédients de cette solution. Petit Marek et Primprenelle d’ailleurs, ne cessèrent d’observer ces espèces exotiques envahissantes sur le sentier. Comme il n’y connaissait rien, Petit Marek trouva le lieu très charmant 😉
La Roche Écrite, c’est aussi la forêt du tuit-tuit, ou échenilleur de La Réunion. Un petit passereau endémique dont le nombre est estimé à 120…ce qui, à l’échelle de la planète, n’est pas énorme ! Ses prédateurs (chats errants et rats) ont décimé la population. Celle-ci a repris toutefois de la plume de la bête dans la mesure où des actions de lutte menées par les acteurs locaux depuis 2010 ont permis son augmentation. Petit Marek cru apercevoir un tuit-tuit en milieu de parcours, mais il s’agissait en réalité d’un sac plastique, pas d’un oiseau.
Après cette journée de randonnée, Petit Marek, sur les conseils de Pimprenelle, alla visiter la Vanilleraie de Sainte Suzanne pour tout comprendre sur la culture de la meilleure vanille au monde : la vanille de La Réunion. Après avoir subtilisé quelques pieds de vanille dans son sac à dos, Petit Marek retrouva Pimprenelle pour le déjeuner. Ils s’offrirent un carri zoi et cabri massalé durement négocié que Petit Marek trouva divin, et prirent la route vers l’Ouest pour aller découvrir la réserve naturelle de l’Étang Saint Paul. Petit Marek failli se prendre une coco sur la tête, parce qu’il cherchait les requins dans l’eau noire sans faire attention aux cocotiers. Pimprenelle lui expliqua que les requins préféraient l’eau salée et les plages avec des surfeurs ou des baigneurs imprudents à croquer, et Petit Marek se mit un point d’honneur à ramener une dent de squale à bébé Sara avant son départ. Un petit détour parmi les pirates endormis du Cimetière Marin et hop, il fut déjà l’heure de rentrer.
Après avoir gravis les sommets de l’île, quoi de mieux pour Petit Marek que de terminer son périple par une découverte de ses profondeurs. Pimprenelle et Petit Marek s’offrirent une plongée bouteille dans le jardin des gorgones, au large de Boucan Canot. Si la visibilité laissait à désirer et les coraux manquaient à l’appel, ils passèrent quand même un bon moment sous l’eau, à jouer à cache cache dans des grottes et durent remonter quand Petit Marek commença à suffoquer .) . Après de belles rencontres humaines au club de plongée, direction le marché pour un petit rafraichissement. En moins de temps qu’il faut pour réfléchir, Petit Marek et Pimprenelle se retrouvèrent avec deux noix de coco fraichement coupées dans les mains, afin d’en siroter l’eau divine ! Un pur délice ! Si bon que Petit Marek se transforma en gobie de feu qu’il n’avait pas arrêté de croiser pendant la plongée, et dégagea tellement d’énergie qu’il envoya un éclair au sommet de Saint Gilles ce qui provoqua un incendie. Les canadairs durent intervenir pour arrêter les flammes (article).
Petit Marek et Pimprenelle étaient tout de même frustrés de ne pas avoir croisé de squale pendant leur plongée. Ni une, ni deux, ils trouvèrent de quoi s’offrir une véritable immersion sous la mer en allant…à l’aquarium ! Les voilà embarqués dans une visite VIP des coulisses, pendant laquelle Pimprenelle trouva très amusant de poser plein de questions qui endormirent un peu Petit Marek. Il se réveilla juste avant de tomber dans le bassin du requin zèbre. Impossible par contre, de ramener une dent, même si Petit Marek essaya de négocier.
Enfin rassasiés par tous ces poissons colorés, Pimprenelle et Petit Marek prirent la route du retour, en se disant que c’était quand même vachement plus sympa de plonger à Mayotte.
Le lendemain fut l’heure des adieux. Nos deux compères se quittèrent avec un peu de nostalgie pour Pimprenelle, et plein de bonheur pour Petit Marek qui s’apprêtait à retrouver sa Grande Dame Anaelle avec Tréma et son bébé Sara.
Alors, à quand la prochaine aventure à 4 ? 😉
Oh trop chouette! Quel programme !! Ça m’a rappelé de bons souvenirs! Vous êtes passionnants à lire!!
Merci, mais le mérite de cette article revient à Jen.
Moi qui croyais que Grand Marek n’avait rien fait d’autre à la Réunion que de marcher seul dans la montagne…
Lol,
Les montagnes ne sont plus ce qu’elles étaient!